compenser le carbone localement (81)

August 2024 · 4 minute read

Depuis janvier 2022, des haies fruitières entourent un espace maraîcher cultivé en insertion, situé à Albi et qui produit pour les cantines scolaires. Financé par une entreprise locale de chauffage et climatisation, ce projet permet à l’entreprise de compenser ses émissions de carbone près de chez elle. Non loin, une forêt de Miyawaki (microforêt) a été financée par une entreprise de conseil en informatique et une haie bocagère a complété la trame verte, grâce au soutien du club de foot féminin local qui compense ainsi ses déplacements. Ce sont les premières réalisations concrètes du dispositif de compensation carbone du Grand Albigeois.

Né du plan global d’Économie sociale et solidaire (ESS)

« En décembre 2020, nous avons adopté un plan d’Économie sociale et solidaire qui a vocation à créer 8 opérateurs locaux, sous forme de société coopérative d'intérêt collectif, pour accompagner le développement social et solidaire », indique Gérard Poujade, vice-président en charge de l’économie sociale et solidaire du Grand Albigeois. Capital risque pour créer de l'emploi local, foncière immobilière pour soutenir le commerce de centre bourg, mobilité pour augmenter la part des déplacements durables... et compensation carbone locale. « On s'est donné jusqu’à fin 2023 pour les faire émerger et le premier dispositif à sortir a été celui de compensation carbone locale, en s'appuyant sur une jeune société coopérative d'intérêt collectif : Climat local. »

Le dispositif est plutôt simple. Première étape : identifier des fonciers disponibles, où les communes voudraient développer des projets de plantation. Sur ces parcelles, l'association Arbres et paysages tarnais, l'opérateur de plantation, réalise un diagnostic et propose un projet de plantation avec des essences pertinentes, adaptées au terrain et aux objectifs souhaités pour le paysage et la biodiversité. À partir de là, la SCIC Climat local chiffre l'impact carbone du projet et le rentre dans son « catalogue ». Elle rencontre ensuite les entreprises intéressées par un projet de compensation carbone local, pour trouver le projet le mieux adapté par son ampleur, sa proximité géographique… Elle fixe aussi avec l'entreprise les modalités de la compensation : participation financière simple, implication des salariés dans la plantation, plantation par une structure d'insertion…

« Nous n'avons volontairement pas affiché d'objectif chiffré pour la première année, précise Aurélie Caria, responsable entreprises du Grand Albigeois. Cependant, nous avons été agréablement surpris par la dynamique et l’accueil des entreprises ». 6 mois après le mailing de lancement, 13 structures, entreprises et associations, ont déjà fait part de leur intérêt. « Plusieurs structures sont déjà engagées dans des démarches qui relèvent de la responsabilité sociétale des entreprises, mais il n'y a pas de profil type. On va de la très petite entreprise à la moyenne, dans des domaines variés : le conseil, l'artisanat, la mécanique, la restauration… » Sur la saison de test 2021-2022, 4 projets de compensation carbone se sont concrétisés, sur 3 communes différentes. 3 000 arbres ont été plantés, qui permettent de compenser 300 tonnes de CO2. « Cette première année a démarré assez tard, après l'été, souligne Julien Lavaud, directeur de la SCIC Climat Local. Plusieurs entreprises volontaires n'avaient pas encore analysé leur impact carbone. Nous les avons d'abord orientés vers des bilans carbone, aidés dans le cadre du Plan de relance, avant de leur proposer un projet de compensation local, au cours de la 2e saison du dispositif ».

Le volet individuel en suspens

Le projet prévoyait aussi au départ de permettre aux particuliers de financer des projets par le biais du crowdfunding. « Mais cela demande une force de frappe importante, notamment pour la communication. Nous cherchons donc d'abord à asseoir le volet entreprises, souligne Aurélie Caria. La deuxième saison devrait ainsi permettre d'accompagner plus de projets, l'opérateur tablant sur un doublement environ. « Compenser sur des projets publics d'intérêt général motive les entreprises, certaines veulent aussi compenser directement chez elles, c'est une possibilité », indique le directeur de Climat Local.

Le Grand Albigeois finance pour l'instant une prestation de services à la SCIC. D'ici 2023, les élus vont étudier l'entrée au capital de celle-ci, pour soutenir l'émergence et la consolidation de ce nouvel opérateur. Si l’expérimentation a démarré à l'échelle de l'agglomération, son périmètre pourrait bien être élargi. « Il n'y a pas de pertinence à limiter le périmètre de notre action au périmètre institutionnel, l'enjeu de l'économie sociale et solidaire va bien au-delà, souligne le vice-président. Des territoires voisins peuvent être intéressés, nous leur proposons un dispositif clé en main et ils peuvent fournir des projets de plus grande ampleur, qui intéresseront des entreprises. » Autre perspective : proposer de nouveaux produits pour compenser le carbone, comme la mobilité douce, l'achat local… Une ficelle est tirée… À suivre donc.

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